"La Globalisation. Une Sociologie"
J'ai été absorbé par la lecture de ce livre de la sociologue Saskia Sassen sur la globalisation qui démystifie en bien des points les discours convenus sur la mondialisation.
J'ai été absorbé par la lecture de ce livre de la sociologue Saskia Sassen sur la globalisation qui démystifie en bien des points les discours convenus sur la mondialisation.
" Dans le grand dictionnaire des idées reçues, la globalisation a pour acception une interdépendance croissante dans le monde en général et la formation d’institutions globales. Or, montre Saskia Sassen, la globalisation implique deux dynamiques particulières. La 1ère induit la formation d’institutions et de processus explicitement globaux, comme l’OMC, les marchés financiers, le nouveau cosmopolitisme et les tribunaux internationaux pour les crimes contre l’humanité. Autant de formations nouvelles qui s’inscrivent néanmoins en partie à l’échelle nationale.
La 2nde, bien qu’elle soit elle aussi constitutive, œuvre à une échelle autre. Des réseaux interfrontaliers d’activistes s’engagent dans des luttes spécifiquement locales mais avec un objectif global, comme les organisations humanitaires et de protection de l’environnement. Dans un nombre croissant de pays, les Etats et leurs gouvernements, non pas victimes mais acteurs conscients de la globalisation, s’emploient à mettre en place les politiques monétaires et fiscales indispensables à la constitution de marchés financiers globaux, souvent sous la pression irrésistible du FMI, voire des Etats-Unis. Ou bien encore les tribunaux nationaux font usage désormais d’instruments juridiques internationaux – Droits de l’Homme, critères internationaux de protection de l’environnement et règlements de l’OMC – pour traiter de problèmes qu’ils auraient autrefois résolus avec des instruments juridiques de leur cru.
Le global se forme en grande partie à l’intérieur du national. Vue sous cet angle, la globalisation remet en question deux postulats fondamentaux des sciences sociales : le 1er veut que l’État-nation soit le seul contenant du processus social ; le 2nd pose la correspondance du territoire national et du national. Aujourd’hui, ces conditions sont partiellement, mais activement, démembrées. Le comprendre, c’est faire un pas décisif dans l’intelligence de notre monde immédiat et futur."
"La Globalisation. Une Sociologie" de Saskia Sassen. Gallimard. NRF Essais. 324 p.